Un homme hurle sa détresse : il a quatre-vingt-trois ans, la vieillesse et ses maux le révoltent, la proximité de la mort l’habite. Des souvenirs interrompent sa déréliction : enfance hantée par les horreurs de la Shoah, jeunesse étudiante, vie d’adulte partagée entre écriture et enseignement à New York. Aventures sentimentales et sexuelles ont occupé des moments paroxystiques nécessaires à sa créativité, à sa vibration intérieure et leurs réminiscences le laissent dévasté. Un dernier amour clôt ce parcours riche et tumultueux.
Des chapitres organisent ce roman aussi épais que le désespoir de son héros, les variations de l’écriture en servent le thème récurrents : Eros et Thanatos intimement liés. Déferlante de mots (parfois très crus) jetés en une syntaxe syncopée et désarticulée, longue dissertation sans respiration, échange de lettres, références littéraires, redites alternent avec des pages narratives au beau style très construit, classique et inventif. Le récit d’événements intimes déjà évoqués dans Laissé pour compte (NB février 1999) peut exaspèrer. Toutefois, la puissance évocatrice d’un texte fort et original, dans lequel le souvenir du passé tempère la douleur du présent, retient tout lecteur sensible à la souffrance humaine.