Un été, pour tromper son ennui, un jeune garçon triture le cadavre d’une méduse échouée sur une plage normande. Baptiste, dix ans, le rejoint. Ainsi débute une amitié intense. En le faisant pénétrer dans son monde, Baptiste déclenche un torrent d’émotions et de frustrations, bouleversant son ami en pleine construction de sa personnalité.
Divisé en chapitres à la vie propre, aux observations dignes d’un entomologiste, ce court récit relate l’itinéraire imagé et poétique d’un enfant à qui l’insouciance fut refusée : le héros-narrateur, jamais nommé. Une grand-mère généreuse à l’accent polonais de Lodz, une tante schizophrène et imprésentable contrastent avec l’autre vraie famille distinguée, catholique, raffinée, à la mère ravissante, aimante et parfumée. Tribu qui ne peut appréhender la vie silencieuse d’un garçon sans mère, issu d’un monde tragique de fantômes. Baptiste le sauvera, il sauvera Baptiste. On plébiscite l’art de l’auteur pour suggérer avec sensibilité, subtilité, justesse et pudeur les ébranlements du héros : honte, dégoût, fierté, envie se bousculent. Il fera de sa fragilité une force, de cette tendresse estivale un encouragement à combattre la peur du vide. Et on est sous le charme de ce très beau premier roman singulier. (A.C. et C.G.)