Un jour comme celui-ci

STAMM Peter

Dix-huit ans qu’il enseigne l’allemand en banlieue, qu’il fait le même trajet, de Montmartre à Deuil-la-Barre, qu’il mène ses journées cadrées et répétitives, ses gestes habituels, ses amitiés comptées, ses amours hygiéniques et formatées. Andréas, à quarante ans, ne souhaite rien changer à cette vie autocentrée, sécurisée et routinière, dans laquelle il est un passant solitaire et éphémère. Absence d’engagement et vacuité le rassurent. Jusqu’au jour où une vilaine toux le conduit à consulter… et à chercher ailleurs que dans sa mémoire une autre respiration. À la trouver… peut-être ?  Peter Stamm, écrivain et journaliste suisse, pratique avec talent un style caractéristique, celui de son dernier recueil de nouvelles, D’étranges jardins (NB octobre 2004) : pas d’effet, des phrases courtes, des mots sans relief. Aucune complaisance dans le ressenti. Une écriture qui tient du relevé factuel, scrupuleux et atone, mais très évocatrice. Elle s’avère très efficace pour peindre un héros qui ne s’expose pas, sans grandeur, économe de ses émotions et de ses largesses ; grise et mélancolique, elle nous embarque dans le cours oppressant et sans surprise de ses jours étriqués.