Elle est écrivain, star des médias, consomme sans modération alcool, drogue, sexe… Féministe affirmée, Eva est la référence de la “movida” madrilène et la réplique des précédentes héroïnes de l’auteur de De l’amour et autres mensonges (N.B. mai 2003). Mais, voici Amanda, sa fille nouvelle née, son éblouissement, pour qui elle écrit ce journal. Jamais guérie de son enfance, la personnalité de sa mère lui est révélée lors de sa longue agonie : elle y puisera des références pour structurer sa fille et l’enrichir de l’indispensable mémoire ancestrale. Dans un entrelacs habile, souvenirs, actualité, vie personnelle analysée avec lucidité et autodérision explosent et éclairent le transfert affectif : la mère qui meurt, l’enfant qui naît, la fille qui renaît et peut alors entrer – cohérente – dans une maturité sentimentale où s’inscrit le sens des valeurs.
Conteuse intarissable, Lucía Etxebarria peint avec un humour ravageur et des formules percutantes, parfois répétitives, une société contemporaine espagnole et américaine brassée, une parentèle folklorique et cruelle, dit les souffrances de l’écrivain et offre – malgré des bavardages – une tonique, grave, bouleversante histoire d’amour maternel et filial.