En 1935, Rose, jeune Américaine paumée de dix-huit ans, est embauchée par des Juifs fraîchement immigrés. Elle raconte à la première personne ses réactions devant l’étrange famille Mitwisser, ex-universitaires berlinois. Devenue la secrétaire du père, féru de livres et exégète maniaque d’une obscure secte juive du IXe siècle, elle gère la pénurie familiale. Elsa la mère, au bord de la folie, garde perpétuellement le lit avec ses secrets et, du haut de ses quatorze ans, Anneliese, l’aînée, dirige tout tandis que ses frères jouent dans le Bronx voisin. La manne vient des dollars de James, héros malgré lui, né de l’imagination de son propre père qui l’a enfermé dans un personnage de livres à succès. Un héritage sauve la famille, Rose part ailleurs.
Cynthia Ozick imprègne ses récits d’une forte culture juive (Le Châle, N.B. juin 1991). Les destinées des protagonistes, aussi étranges et marginaux soient-ils, tel ce Bear Boy, sorte de Golem, sont habilement imbriquées. L’écriture, talentueuse et évocatrice, aborde la frontière où se mêlent rêves, souvenirs et réalité.