24 juin 2016, Paul Scarborough se réveille à Londres et apprend que le vote de la veille a fait triompher le Brexit ! À quarante-trois ans, Paul est un loser : son patron l’a renvoyé, sa femme puis ses deux enfants l’ont quitté, et il sombre dans l’alcool… Apercevant la statuette rose de la reine saluant indéfiniment sur le rebord de sa fenêtre, cela lui donne l’idée de participer à la dernière visite de Buckingham à 17h… David Lelait-Helo (Quand je serai grand, je serai Nana Mouskouri, HdN octobre 2016) imagine ici avec humour une rencontre improbable entre la reine Elisabeth et un citoyen anglais banal. Les monologues intimes des deux protagonistes évoquant leurs souvenirs respectifs alternent avec leur confrontation piquante. La souveraine, loin de s’effrayer de l’irruption d’un homme dans sa chambre en pleine nuit, s’amuse de cette péripétie imprévue et livre ses sentiments de profonde lassitude sur le poids de sa charge et son manque de liberté. Elle prend la peine d’écouter attentivement son interlocuteur, lui donne des conseils et lui insuffle du courage. Le style vif, le ton empreint de dérision et parfois d’amertume crédibilise une situation abracadabrante et fait de ce conte une lecture fort distrayante. (E.L. et L.G.)
Un oiseau de nuit à Buckingham
LELAIT-HELO David