Un ours qui danse

JOLIT Vincent

Danser… À Saint-Pétersbourg, vers 1900, un jeune garçon en rêve, bien que son père, directeur de cirque, compte sur son aide. Il triomphe cependant des obstacles et de son corps malade, rejoint à Paris les Ballets russes, vit son homosexualité. Franz, lui, devenu danseur pour mieux affronter ses parents aussi riches que haïssables, part pour New York dans les années 60 ; quand ils meurent, il retrouve en chorégraphe la triste maison de son enfance en Allemagne. Quant à Françoise, fille de pieds-noirs arrivée à Toulon après-guerre, boiteuse malheureuse et mal mariée, elle devient veuve encore jeune et s’approprie enfin son corps dans un atelier de danse.  Après un bref retour en arrière, Vincent Jolit (Harmonie, harmonie, NB septembre 2014) déroule chronologiquement, chapitre après chapitre, le parcours de ses trois personnages. Tous ont été malheureux ou blessés dans leur corps et retrouvent le droit d’être eux-mêmes en pratiquant la danse. Lieux, époques, personnalités diverses favorisent les contrastes : l’Académie impitoyable de la Russie tsariste ou les débuts effervescents de la danse moderne à New York ; la honte d’un fils de nazis ou l’expérience du handicap. La narration traîne par moment, bavarde, et se déroule sans surprise, sur un thème exploré avec application. (M.W. et M.S.-A.)