Lorsque sa mère Elaine est hospitalisée pour une énième et gravissime crise psychotique, Francie, huit ans, est confiée à ses oncle et tante installés à Los Angeles. Sa cousine Vicky vient de naître. C’est ce trio sympathique et apaisant qui entoure de tendresse la croissance de Francie. Mais leur affection authentique, insistante, n’empêche pas l’enfant d’être étrange, décalée du réel, sens aiguisés, esprit d’analyse en panne, tenaillée par la terreur d’une hérédité morbide…
Aimée Bender propose ici un roman psychologique, aux accents de fable polysémique. S’expriment ici, avec une syntaxe limpide, un vocabulaire économe parfois métaphorique, quelques longs dialogues, le « je » de l’enfant cabossée puis celui de la très jeune femme décidée à revisiter méthodiquement ses souvenirs. Les flambées de délire d’une mère aimée et aimante ont déclenché chez elle d’insolites impulsions de possession : papillon, scarabée, rose, imagés sur différents supports et devenant pour elle, mystérieusement, mais concrètement, très réels. Devenus d’incontournables parades contre l’angoisse, ils sont des talismans magiques, sortes d’objets transitionnels puissants. S’en séparer va marquer les étapes de sa résilience et de sa reconstruction. Ce récit allégorique sans pathos, tangible, léger, raconte autrement la pesante maladie mentale. L’auteure avoue « aimer les mots que charrient les objets » : il faut accepter l’invraisemblance pour les entendre. (C.R.P. et V.A.)