Sur un ton a priori badin, ce roman chinois évoque un sujet grave très actuel : la GPA. Dans le Hunan, un centre illégal de mères porteuses est dirigé de façon quasi-militaire par un obèse vaniteux, tracassier et cynique qui, sous couvert de secourir de pauvres filles en détresse, les exploite outrageusement, tout en affirmant leur assurer un séjour paradisiaque. Cependant ses jeunes pensionnaires espiègles et mutines mettent souvent à mal son autorité. Dans ce milieu clos où les femmes se désignent mutuellement par des noms de fruits parfois gentiment moqueurs, surviennent chamailleries, mais aussi confidences, complicités, bonne humeur et projets de fuite. « Pêche », simplette, muette et rêveuse, s’attire la sympathie des autres. Narratrice, elle confond souvent le présent et un passé récent douloureux. De fines aquarelles de la romancière illustrent l’édition française de ce petit récit, empreint d’humour et parfois d’une touche de poésie, qui font presque oublier le triste sort de ses héroïnes. Un regard actuel et féministe. (P.S. et M.-C.A.)
Un paradis
SHENG Keyi