Sa vie est réglée, chaque geste pensé, réfléchi, mesuré, et ce, du matin au soir, dès l’instant où, à 7 heures tapantes, il déplie son bras droit, se lève, fait les 8 pas qui le séparent de la salle de bains… obéissant en cela aux préceptes enseignés par feue tante Agathe ! Jusqu’au jour où un oiseau tricoté se détricote…
Curieux album ! Est-elle simplement ennuyeuse, la vie de cet étrange personnage, aux allures de cocker triste, rythmée par d’obsessionnels rituels ? Un récit envoûtant décrit avec une minutie chirurgicale cet art de s’empêcher de vivre, la dernière page sauvant, in extremis, le héros du carcan qui le maintient ou le contraint. Un changement aussi radical que fortuit illumine alors son visage. Récit d’une métamorphose ? La métaphore finale est riche de non-dits. L’illustration mise délibérément sur l’étrangeté du personnage ; le graphisme est raffiné, le parti pris, sans doute surréaliste, d’associations insolites, de bribes d’extraits sibyllins n’épuise pas le mystère du texte. Il accentue le malaise comme la fascination. Ce livre, d’une indéniable originalité, s’adresse plus à des adultes qu’à des enfants.