Un peu la guerre

ROUAUD Jean

Dans ce troisième volet de « La vie poétique », sorte de plongée littéraire au coeur du « continent enfoui » de son imaginaire, l’auteur (Une façon de chanter, NB mai 2012) explore cette fois le cheminement qui l’a mené à l’écriture. À l’époque, dans les années 1960-1980, des doctrinaires de tous poils ont laminé le langage, le style, les personnages, et décrété la mort du roman. Renouant avec les thèmes récurrents de son oeuvre, le monde enfoui de son enfance, ses parents et grands-parents, la Loire-Inférieure, les guerres surtout, le romancier leur oppose ces oubliés de la mémoire collective, ces « blancs » si modestes sur la « carte » du souvenir, qui constituent toujours le fonds inépuisable de son inspiration, après que toutes les formes classiques du récit ont été balayées par la déferlante culturelle d’une génération : un propos sibyllin, qui ravit pourtant par la puissance poétique de sa prose, une langue admirablement simple et singulière.