Gadi Lévine, pianiste raté de trente-six ans, vit seul avec son chat dans le souvenir de son amour disparu et de son fils qu’il ne connaît pas. Deux fois par semaine il travaille chez Jo Ohanna, ancien marin, blasé et impassible, qui a ouvert un piano-bar dans une ancienne usine au nord de Tel Aviv. Celui-ci a également engagé Fadil, jeune Arabe que les siens ont tabassé pour sa “collaboration” avec les Juifs. Ce soir de décembre pluvieux et glacé, Jo s’apprête à fermer l’établissement désert lorsque surgissent six personnes. Passablement éméchées, après un dîner, elles exigent d’être servies. Il est minuit et « la nuit ne fait que commencer »…
Ayelet Shamir, israélienne, propose une construction quasi théâtrale pour ce premier roman à l’écriture riche et évocatrice. Les flash-back sont utilisés à bon escient pour éclairer chaque personnalité. Le décor minimaliste renforce les sentiments de solitude et de désenchantement auxquels sont confrontés les protagonistes. Mais cette nuit cauchemardesque et alcoolisée, au cours de laquelle victimes et bourreaux sont entraînés dans le même naufrage, ne mène qu’à une impasse. Compte tenu du caractère cru et de la violence de certaines scènes il convient d’ajouter : “Âmes sensibles s’abstenir”.