Une association d’illustrateurs, « dessin’acteurs », proposa qu’une petite équipe d’artistes vive 15 jours dans l’environnement immédiat de Tchernobyl et récolte le maximum de dessins des sites sinistrés et de leurs habitants. Lepage fut du voyage avec un autre illustrateur Gildas Chasseboeuf. Ils réalisèrent un livre Les fleurs de Tchernobyl aux éditions de la Boîte à Bulles. Lepage poursuivit son travail qui aboutit à l’album actuel. Il y évoque d’abord les craintes, avant le départ, de son entourage effrayé par les dangers des radiations et ses doutes sur l’authenticité de son engagement. Sur place, plongé immédiatement dans un monde dévasté, sa plume dit toute l’horreur de la catastrophe ainsi que l’angoisse permanente suscitée par le tic-tic des compteurs Geiger. Puis, très vite, la rencontre avec les voisins qui vivent avec la mort mais la font oublier par leur chaleur humaine, le contact avec les enfants joyeux mais pas insouciants, et enfin l’arrivée du printemps, amènent insensiblement les traits et les pastels des dessins à s’assouplir et se colorer d’une joie qui oublie le danger.
Ce témoignage poignant, grâce à l’implication personnelle de son auteur et à la beauté de son dessin, est d’une haute qualité tant artistique que simplement humaine.