Rentrant vite dans sa chambre cacher les pétards défendus, Pepeto est arrêté par la statuette de la Vierge de Montserrat. L’enfant Jésus lui fait signe, l’entraîne, et tel Alice, l’enfant passe à travers, non pas du miroir, mais d’un mur dont chaque brique révèle un monde différent, peuplé de personnages cauchemardesques.Le banal sweatshirt de Pepeto donne un curieux sentiment de réalité qui rompt avec sa fuite affolée dans ces mondes baignant dans les ombres noires d’encre, bistre inquiétant, bleu vert surnaturel, d’une grande force d’expression. La bascule de Pepeto dans le sablier, belle image du temps inversé, laisse deviner l’adulte se remémorant dans un rêve allégorique tous les désespoirs qu’il a traversés, à l’âge de 11 ans, après la mort de son père. L’humanité tue pour vivre, on ne peut compter que sur soi même : des aphorismes brefs concluent de violentes paroles de rejet ou de désespoir sortant de bouches distordues, à la dentition déchaussée et, s’il le faut, les scènes baignent dans le sang. Heureusement, quelqu’un pourra comprendre David, orphelin comme lui. La puissance d’expression, la savante maîtrise des cases BD, donnent envie de suivre les auteurs mais dans un registre moins sinistre.
Un regard par-dessus l’épaule
PAQUET Pierre, SANDOVAL Tony