Souvenirs d’enfances ou rencontres fortuites, ces nouvelles mettent en scène des personnes au bord de la vie, soit par la précarité de leur situation soit par leur envie d’en finir. Toutes différentes et pourtant semblables, flottant au fil de l’âme, certaines histoires commencent où une autre finit, et la ronde des impressions se poursuit. Ainsi cette femme dans sa voiture, qui ramasse un auto-stoppeur délirant sur la peinture de Caillebotte, que l’on retrouve un jour de déprime, où elle évite de justesse un garçon en train de faire des acrobaties sur l’autoroute… Dans cet émouvant recueil – récits réédités pour la plupart – Emmanuelle Pagano sait bien dire toute la beauté des petites choses ; la couleur safran d’un lichen, des voix d’enfants près d’une rivière, la majesté d’un tilleul créent une douce musique qui touche en profondeur. On retrouve les thèmes chers à l’auteur (L’absence d’oiseau d’eau, NB février 2010) comme la nature ardéchoise, les gens des campagnes, le goût de la solitude. Le style limpide et précis, cerne chaque situation sans quitter un parler simple et vrai, comme la vie même. Nostalgiques, belles, parfois déroutantes sont ces nouvelles !
Un renard à mains nues
PAGANO Emmanuelle