Un roman estonien

KALDA Katrina

Estonie, 1994. Eerik, un riche industriel, croit reconnaître en August un des acteurs de l’indépendance. Le timoré et discret August se retrouve chargé d’écrire dans un quotidien un feuilleton, dont l’histoire se déroule chez les dissidents anti-soviétiques à la fin des années quatre-vingt. C’est ainsi que naît Théodore, son héros. Ses aventures patinent un peu, jusqu’à ce qu’August, tombé amoureux de Charlotte, le femme d’Eeric, lui fasse rencontrer Carlotta, son double littéraire…

 

Un roman estonien mérite son titre. Le personnage principal en est bien l’Estonie, dont l’auteur, qui en est originaire, dresse un portrait désenchanté: existence précaire, hivers interminables, étés suffocants, passé russe, pénurie, conversion aveugle à l’argent. Les héros, de leur côté, apparaissent pitoyables, faibles, pragmatiques et opportunistes, sous l’oeil de Théodore, narrateur fictif doué d’une forme de vie, qui observe crûment leurs relations. L’intrigue, qui suit en parallèle August et son personnage, manque un peu de substance. Cependant la lecture de ce premier roman est un régal, grâce à l’écriture ciselée, évocatrice, mouvante, subtile, et à l’humour satirique qui l’irrigue, avec esprit et style.