Un lieu repéré, le Frioul, des événements attestés et datés, une période précise – les années soixante-dix/quatre-vingt – des personnages souvent bien réels. Un récit historique alors ? Non, il s’agit bien d’un roman, croisée singulière de destins singuliers dans les convulsions et les scandales italiens de l’époque. C’est la rencontre improbable du vrai Pasolini, cinéaste poète, et de Francesco Ferrari, fictionnel génial footballeur corrompu par des matchs frauduleux, les retrouvailles de l’un ou l’autre, secrètes, mystiques, obsessionnelles, avec le Christ ou François d’Assise. Pour l’auteur, Pasolini, accablé par un passé douloureux et un présent chaotique a voulu sa mort. En martyre expiatoire, pour racheter les délits du pays. Francesco lui, s’entête dans la quête obstinée d’une humilité et d’une grâce rédemptrices.
Le thème insolite, la construction complexe l’écriture cursive résonante de raccourcis poétiques symboliques et imaginatifs, les héros émouvants – parfois même pathétiques – donnent force, originalité et inspiration à l’ouvrage. Mais quelques longueurs complaisantes, des parenthèses trop gratuites ralentissent un peu la deuxième partie du récit.