Un sens à la vie

Des barres d’immeubles HLM promises à la destruction se vident peu à peu de leurs habitants. Béton tagué et vue imprenable sur l’autoroute, chômage et alcool, marginalisation : le décor est planté ! Concierge elle-même dans une cité, la narratrice sait de quoi elle parle et observe ce petit monde avec un regard plein d’une infinie compassion. Elle brosse une galerie de portraits où chacun livre une partie de sa vie et de sa souffrance : Jenko poursuivi par ses cauchemars de Sarajevo, Nadia, la petite beurette fleur bleue, victime d’une immonde tournante, et tout un éventail d’exclus, de paumés, qu’ils soient noirs, blancs, arabes, vieux ou crevant de solitude.  Ces chroniques sans concession écrites dans une langue acérée, où ne transparaissent que de rares espaces de poésie ou de tendresse, sont un coup de projecteur très cru sur l’histoire très ordinaire de ces personnages emblématiques rendus invisibles par l’inhumanité de notre société. Un premier ouvrage fort et talentueux.