Un si gentil garçon

Cinq jeunes fous de rock ont créé un groupe. La chanteuse, Blanca, est la petite soeur de l’un d’eux. Ils sont largement pourvus en drogues variées, principalement en Rohypnol, le somnifère des violeurs. Parmi leurs victimes, Gabi, la jolie blonde, actuelle compagne du Gentil Garçon, et Blanca. Tout se déroule dans une brume d’inconscience. Mais des années plus tard ils se retrouvent. Le passé, que lâchement ils ont toujours caché et enfoui, surgit des ténèbres avec cette interrogation : qui a fait quoi ? Avec qui ? Chaque chapitre débute par un court rappel des groupes de rock des années quatre-vingt-dix. Le roman est composé pour l’ essentiel de conversations dont les interlocuteurs, présents ou virtuels, se succèdent ou s’entrelacent, ce qui prend au dépourvu, déconcerte parfois, mais évoque bien l’état de confusion dans lequel est plongé le personnage principal, le narrateur. Impossible de casser les non-dits, d’ouvrir les plaies, la culpabilité trop lourde n’est qu’angoisse et ne laisse aucun repos. D’une belle écriture, âpre et directe, Javier Gutiérrez, cinéaste et éditeur espagnol, signe un roman pudique et fort.