Londres 1895. Nathaniel et Robert Coombes ont respectivement douze et treize ans lorsque l’aîné tue sa mère et cache son crime pendant plusieurs jours jusqu’à ce que l’odeur épouvantable attire les voisins. Les médias s’enflamment contre la perversité des adolescents. Jugé dément, Robert est envoyé en asile psychiatrique. Libéré pour bonne conduite en 1912, il s’engage dans l’armée australienne et se distingue par sa bravoure pendant la guerre de 14. Il mène ensuite une vie simple sans que rien de son passé ne transpire. De l’horreur à la rédemption, Kate Summerscale (L’affaire de Road Hill House, NB Juillet 2008) relate les étapes de la vie du jeune meurtrier dans un style très factuel, quasi clinique. Ses recherches minutieuses et l’impressionnante documentation citée en fin d’ouvrage ne lui ont cependant pas permis une véritable analyse psychologique des motivations de l’adolescent, ce qui est dommage. En revanche, elles lui ont permis d’enrichir son récit de toutes sortes de détails sur le Londres de l’époque victorienne, sur la population de l’East London, les docks, la condition des jeunes travailleurs, le rôle pernicieux d’une certaine « littérature » pour jeunes, le sentiment (déjà) d’une dégénérescence de la jeunesse, les balbutiements de la psychiatrie, la curiosité malsaine des journalistes. Intéressant. (M.-F.C. et M.-N.P.)
Un singulier garçon : le mystère d’un enfant matricide à l’époque victorienne
SUMMERSCALE Kate