Un soir d’aquarium

DELBOURG Patrice

Paris, automne 1963. Gabin Delahy est un amuseur. Clown triste Ă  l’enfance calamiteuse, peu aimĂ© des femmes et peu douĂ© pour les  aimer, il cachetonne pour des gains famĂ©liques dans des cabarets oĂč il rencontre l’indiffĂ©rence ou la rĂ©probation d’un public souvent minable. Son truc Ă  lui, c’est le morbide et l’insulte offensante. Ses cibles ; les vieux et les femmes Il aime « profĂ©rer des horreurs de maniĂšre irrĂ©prochable ». C’est un pionnier dans son domaine mais le public traditionnel n’apprĂ©cie guĂšre ! Et puis il est gros, trop gros, et son corps malmenĂ© demande grĂące
 jusqu’au coup de grĂące.

 

Le ton est donnĂ© d’emblĂ©e : excessif et caricatural ! Patrice Delbourg (L’odyssĂ©e Cendrars, NB octobre 2010) dĂ©bite avec une prodigieuse volubilitĂ© les itinĂ©rances de son hĂ©ros fatiguĂ© des Grands Boulevards Ă  Pigalle, des hangars aux gymnases de province. C’est un hommage ambigu Ă  Pierre Doris, auquel tous les bons mots sont empruntĂ©s. Dans un dĂ©luge d’aphorismes sont aussi convoquĂ©s les fantĂŽmes des grands chansonniers, cabotins saltimbanques d’une profession dĂ©jĂ  agonisante. Le style chaloupĂ© et le verbe populaire Ă©voquent ad libitum l’époque rĂ©volue du Paris canaille, mais le livre souffre d’excĂšs dans ses Ă©numĂ©rations et d’une inflation intempestive de qualificatifs.