Depuis son divorce, Edwin est un homme fragile, pyromane à l’occasion. Accompagnant son ami, photographe pour un magazine, il se rend à Manchester, dans l’appartement d’un collectionneur. En y ouvrant une fenêtre sur la ville embrumée, il « voit » un tableau qui le fascine : dans un paysage enneigé, un trait noir sur lequel semblent se déplacer des silhouettes. Des hommes et peut-être des éléphants ? En quittant les lieux, il emporte machinalement une toute petite toile du XVe siècle, très précieuse. Manuel Benguigui, dont c’est le deuxième roman (Un collectionneur allemand, NB mars 2017), travaille dans une galerie d’art tribal. Il connaît donc bien le monde de l’art, dont font partie la plupart de ses personnages, collectionneurs, experts, galeristes… Il les rassemble avec ironie dans ce haut-lieu qu’est la foire annuelle d’art et d’antiquités de Maastricht. Il explore sur le même ton moqueur les pulsions et l’imaginaire du personnage principal, névrosé obsédé par sa vision récurrente et sa pyromanie, indifférent au tumulte provoqué par son vol. Il s’amuse du dévouement à ses maîtres d’un majordome, qu’il déguise pour la circonstance en détective… Dans cette courte intrigue, joyeusement terminée, on songe à un Hercule Poirot modernisé, léger et sans conséquence. (C.-M.M. et M.W.)
Un tableau neigeux
BENGUIGUI Manuel