Grâce à une maigre pension, la Mère vit seule avec le Garçon et la Fille dans une petite maison. Isolée par sa surdité, elle se réfugie dans son cagibi entre la planche à repasser et une paillasse humide. Pour oublier la méchanceté des deux adolescents, elle s’active aux tâches domestiques et s’évade en brodant une vieille nappe avec force boutons, graines et petits riens évoquant mille souvenirs épars de la vie d’avant avec la soeur et les parents. Qui sont ces enfants ? Pourquoi, si gentils quand ils étaient petits, sont-ils devenus odieux ? Angélique Villeneuve évoque avec talent l’enfermement dans lequel est confinée son héroïne et le poids de la solitude. L’ambiance est glauque, pathétique, émouvante, portée par une belle écriture imagée, ciselée. Si son précédent roman parlait déjà de solitude (Grand Paradis, NB octobre 2010), ce court récit dégage dans son rythme une force, insoupçonnée au départ, qui fait triompher l’espoir et la ténacité de la désespérance.
Un territoire
VILLENEUVE Angélique