Une artiste du sexe

MILLET Richard

Un jeune Américain passe une année à Paris dans l’espoir de devenir un écrivain français. Il se lie avec Rebecca, une jeune femme anglophone et déracinée comme lui. Elle donne son corps pour mieux s’en défaire. Tous deux sont des exilés, souffrant d’un rapport désenchanté, voire désespéré, au monde. Parler la langue française ensemble et faire l’amour remplacent les sentiments, absents de leur relation au bord du vide. Vivre, aimer, jouir, mourir, et surtout écrire, tel est le credo du très controversé Richard Millet (Brumes de Cimmérie, février 2010) qu’il reprend dans ce roman initiatique, prétexte à de belles pages d’apologie de la langue française. L’auteur travaille sur la difficulté de devenir écrivain, sur les différences entre écrire aux États-Unis ou en France, et avoue sa nostalgie devant la perte de goût pour le style. Les mots, crus parfois, servent des situations très érotiques ou de simples balades dans le Quartier latin. L’exil, la perte de repères culturels et la solitude sont évoqués avec intelligence.