1941, Connecticut. La Dorset Academy est un internat privé de second rang qui cherche par tous les moyens à attirer des élèves. William Grove est envoyé là, faute de mieux, par ses parents divorcés. Autour de lui, des gosses de riches parfois brutaux, des professeurs désabusés ou plus préoccupés par un flirt avec la femme d’un collègue que par l’éducation des garçons dont ils ont la charge. Lorsque les États-Unis entrent en guerre, les apparences de respectabilité et les valeurs pédagogiques déjà relâchées deviennent difficiles à maintenir. Malgré son influence sur les grands écrivains américains contemporains, Richard Yates (1926-1992) semblait tombé dans l’oubli (Le dernier moment de folie : nouvelles oubliées, NB janvier-février 2015). Dans ce roman d’apprentissage, l’auteur n’édulcore pas scènes de bizutage, cruautés de dortoir, veulerie adulte. Il décrit un mode d’éducation révolu qui fut le sien, désuet et critiquable, mais qui a marqué durablement plusieurs générations. Faussement classique, la construction est intéressante : sans personnage central, la description polyphonique de la vie de l’établissement est encadrée par deux courts chapitres à la première personne, hommage doux-amer à une formation peu académique qui laissait place malgré tout à la liberté individuelle, à l’éclosion du talent. (T.R. et A.Be.)
Une bonne école
YATES Richard