Une disparition

MATAR Hisham

Nuri est le fils unique de Kamal pacha el-Alfi, ancien ministre du roi d’Égypte, dissident depuis la chute du régime. Sa mère meurt quand il a dix ans. Son père se remarie avec Mona, jeune Anglaise dont Nuri est, lui aussi, tombé amoureux. Le couple l’éloigne dans un pensionnat britannique. Or Kamal est enlevé lors d’un séjour en Suisse chez une de ses maîtresses. Mona et Nuri, dont les relations deviennent vraiment ambiguës, attendent en vain une explication ou un retour. Nuri retourne alors au Caire, dans l’appartement de son enfance… Après un premier roman remarqué (Au pays des hommes, NB février 2007), Hisham Matar, libyen anglophone, reprend avec talent le même thème, issu d’une expérience qu’il a lui-même vécue : l’enlèvement politique d’un père. Se dessinent subtilement deux portraits, celui d’un homme énigmatique, prestigieux, très aimé de ses domestiques et de sa famille cosmopolite malgré un comportement parfois amoral, et celui d’un adolescent solitaire, sensible et secret, qui se sent coupable de ses premiers émois amoureux et de la disparition de ses deux parents. L’histoire, nostalgique, superbement écrite, est contée avec force et douceur par un garçon qui, en grandissant, découvre progressivement les faces cachées du passé.