Après le Luberon (Une reine de trop, NB décembre 2006), voici la Corrèze avec le premier tome d’une saga familiale d’agriculteurs prospères, entre 1910 et 1935. Au début du récit, le patriarche, solide, orgueilleux, marie sa fille à un honnête fermier, le fils aîné s’apprête à reprendre le domaine, et le cadet s’enfuit, maudit par son père. Vingt-cinq ans plus tard, le fils aîné est mort à la guerre, le domaine, en faillite, est racheté par le « fils prodigue » qui a fait fortune dans les plantations de Malaisie… et les femmes à qui les années de guerre ont donné le goût de l’indépendance, s’apprêtent à réclamer le droit de vote.
L’auteur sait rendre avec bonheur cette époque où la France était constituée à 80% de paysans, où une dot s’évaluait en vingt hectares de bon pacage, où la famille était le pivot autour duquel tournait toute une existence. Et il sait montrer sans nostalgie superflue la fin de cette société paysanne, l’arrivée du train et des premières voitures qui apportent à ce monde rural fermé l’ouverture sur le vaste monde.