À Leningrad, dans les années quatre-vingt, Oleg, jeune scénariste, obtient le droit de tourner un film sur Catherine II. Il est fasciné par le destin de cette femme qui avait des origines allemandes comme lui. Il louvoie pour rester fidèle à l’Histoire sans déplaire à la ligne du Parti. Arrive sur le tournage une actrice d’Allemagne de l’Est. Auprès d’elle Oleg trouve une oreille attentive à sa recherche d’une autre Catherine II, une femme aimante et aimée. Dans ce roman, à la fois biographie de la Grande Catherine et esquisse de la vie sous le régime soviétique, Andreï Makine (Le livre des brèves amours éternelles, NB mars 2011) décortique l’âme russe. La vie de cour de cette mangeuse d’hommes, adepte des Lumières, paraît bien éloignée de la froideur et des mensonges des années quatre-vingt. Et pourtant les excès et exactions du XVIIIe siècle ressemblent à ceux de l’URSS. Comment écrire dans un pays muselé ? Lorsque le communisme s’effondre, d’autres débordements et contraintes apparaissent. Makine ressasse cette question qui le hante : où trouver une parcelle d’âme dans ce pays qui fut le sien et comment la révéler ? Il s’attache à trouver la réponse. Réussi !
Une femme aimée
MAKINE Andreï