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De lignée roumaine royale, les Bibesco ont exporté en France leurs princesses. Il y eut Marthe, la femme de lettres, voici Jeanne sa cousine. Appelée par Dieu, elle fonde en 1889 sur une colline d’Alger, le finançant de ses deniers, un Carmel dont elle est nommée prieure et que Pie X dissout en 1911. Sécularisée, installée à Paris, la princesse qu’aucune timidité ne bride, prise en affection et soutenue par le “petit père Combes”, responsable de la séparation de l’Église et de l’État, se bat avec la hiérarchie catholique pour se faire restituer son patrimoine algérien. Elle fréquente les salons, est ruinée par la crise de 1929, gagne difficilement sa vie en faisant des conférences, meurt dans la misère.
Christine Oddo a choisi la formule des mémoires apocryphes pour écrire la biographie de cette carmélite atypique aux relations plus temporelles que spirituelles. Elle ne profite pas de ce choix pour imaginer ses zones d’ombre, notamment les origines de sa vocation, mais son texte restitue bien l’écriture de l’époque, châtiée et raffinée, le formalisme et l’obséquiosité des relations, ce qui peut soit amuser, soit ennuyer.