Une fille du feu

Charonne est une jeune femme obèse de vingt ans, fière de son opulente beauté. Elle regarde avec ironie, cruauté et sans lucidité les minces « étroits d’esprit comme du reste », esclaves de l’apparence physique. Sous ces apparences fortes se cache la blessure abyssale de la maltraitance maternelle. La libération semble arriver le jour où elle rencontre Arcady… mais celui-ci n’est autre qu’un homosexuel à la recherche d’une mère porteuse, et le compagnon de celui-ci s’oppose au choix de Charonne, dont il ne voit que l’enveloppe d’un corps monstrueux.  Un livre cruel et sans illusion sur les souffrances de ceux qui sont différents, sur l’amour haine familial, la trahison, l’abandon. Le style cru, sans pudeur, crée une atmosphère lourde et fétide. Pourtant le talent est là, avec souvent une certaine subtilité dans le regard porté sur l’autre. Dommage que la deuxième partie du livre se recroqueville sur l’insémination artificielle et l’homosexualité dans une illustration assez glauque des relations humaines. L’auteure y perd en partie son ironie et le regard perçant sur le monde qui font tout le sel du texte. Plusieurs de ses livres antérieurs (Le Triomphe, NB février 2006) mettent en scène des comportements humains extrêmes.