Une guerre de génies, de héros et de lâches : l’enfance du commissaire Sarfaty

SALAMÉ Barouk

1962, l’Algérie acquiert l’indépendance, Serge a douze ans. Avant de raconter comment il a vécu cet événement, il remonte dans le temps. Ses parents, militants du FLN, ont fui à Tunis après l’avoir confié à sa grand-mère Rebecca, une très forte personnalité qui, elle, a pris le parti de Messali Hadj. L’enfant et l’aïeule, mal vue du FLN, quittent Alger et se réfugient, en 1957, à Djelfa, petite ville des hauts plateaux où ils restent pendant quatre ans, de plus en plus cernés par la guerre. En 1962, tous se retrouvent à Oran quelques jours avant les massacres qui se déclenchent le 2 juillet, après le référendum. Le narrateur, est un personnage récurrent de Barouk Salamé : le commissaire Sarfati (Le testament syriaque, NB juin 2009), cette fois enfant. Il apporte, avec son regard de surdoué, les données essentielles qui éclairent les luttes de pouvoir entre les divers partisans de l’indépendance. Au centre du livre, la grand-mère juive athée, femme d’action et de conviction, grâce à qui Serge s’imprègne à la fois de la culture française et islamique et devient adulte à travers des épisodes violents qui l’atteignent de plus en plus directement. Un étonnant roman d’apprentissage.