François-Georges Dreyfus veut retracer toute l’histoire de ce pays immense. Énorme gageure ! D’abord, trois siècles d’oppression mongole engendrant autoritarisme du pouvoir, fatalisme des sujets puis influence prépondérante d’une religion orthodoxe dont le mythe messianique sera relayé par les révolutionnaires. En découla un sous-développement constant, des masses peu instruites, de rares élites et l’occidentalisation lente et tardive du pays, longtemps gouverné par des tsars autocrates. Le nationalisme expansionniste cacha mal les retards économiques et technologiques qui s’accentuèrent encore sous les régimes sanguinaires de Lénine et Staline. La course aux armements dans un pays en crise économique précipita l’implosion finale, laissant une Russie exsangue, entre criminalité et corruption, misère et mécontentement populaire. D’Ivan le Terrible à Gorbatchev et Poutine, tous les personnages défilent à une allure difficile à suivre.
Historien connu, l’auteur a su décrypter la complexité et la diversité des événements, dégager les causes du sous-développement. Se voulant exhaustive, bien documentée, son analyse intéresse le lecteur qui sort quand même un peu “groggy” de ce long parcours qui ne veut rien laisser échapper.