D’un côté, les Merveilleux qui font de l’Efficacité dans l’Entreprise leur religion. De l’autre, les déclassés, les Misères, relégués dans la zone des Quais pour avoir perdu leur temps à faire autre chose que travailler. L’amour de deux adolescents peut-il changer la donne ? À moins que le rêve soit le seul refuge, le seul espace où retrouver, comme Hélène Horn, ceux que l’on aime ! À moins enfin qu’il soit si difficile de refuser la pilule magique du Docteur Juventus qui a privé Ela du visage vieillissant de sa mère.
Et si on disait : « non », trois fois « non », comme dans ces trois nouvelles dont la chute est moins une clôture qu’une subtile ouverture. Elles expriment un même refus : celui d’un monde où prime la rentabilité, où tout contact semble impossible, où notre sens de la vie est perverti. Les héros de Jeanne Benameur s’insurgent avec douceur et opiniâtreté. Révoltes individuelles, mal comprises. Vaines ? Non. La romancière refuse le désenchantement cynique et insuffle à ses personnages un entêtement communicatif. Son univers comme son écriture reflètent l’élégance d’un esprit qui ne cède pas aux facilités du pessimisme.