Poète et biographe américaine, Jennifer Clement vit à Mexico. Elle livre un roman très bref, mais remarquable par son style. Deux narrateurs prennent la parole, en de courts chapitres alternés. Le premier raconte l’histoire de la jeune Indienne Leonora, une « enfant-balai » ramassant avec ses frères et soeurs des rameaux pour fabriquer des balais. Recueillie par un couvent, elle entre à treize ans au service d’une riche famille mexicaine. La deuxième voix est celle d’une fillette de dix ans, née plus tard dans cette même famille et particulièrement attachée à sa domestique. S’y ajoutent, sous forme d’images poétiques, les pensées et les sensations de Leonora. Car celle-ci a été éduquée à ne jamais dire non, même quand elle est seule avec son maître et qu’il « marche sur son ombre ». Dans cette maison, le silence est rempli de rumeurs, les arbres sont comme des gens et leurs feuilles sont autant de bouches. Leonora est murée dans un tissu de mensonges. Ce n’est qu’au moment du dénouement, tragique, que toutes ses pensées éparses se rassemblent en un long chant. Symbolisme, proximité de la nature et superstitions indiennes s’entrelacent magiquement dans ce roman aux phrases et rythmes envoûtants.
Une histoire vraie tissée de mensonges
CLEMENT Jennifer