Un cadre publicitaire de Los Angeles vit en complète autarcie sur une île avec ses deux filles et son fils, ayant apparemment échappé, sur une arche qu’il a construite, à un déluge qui aurait englouti la ville sept années plus tôt. Rejetant toute la technologie moderne, il impose un retour à la nature : on s’éclaire à la bougie, on se nourrit du gibier qu’il chasse et des fruits et légumes que la famille cultive. L’arrivée soudaine d’un jeune homme perturbe l’harmonie présumée des lieux et remet en cause l’ordre instauré.
Un récit étrange, presque irréel, constitué par divers monologues : ceux du fils, qui s’exprime dans un langage phonétique aux antipodes de l’orthographe, ce qui fatigue le lecteur ; ceux de la fille aînée, qui met en doute les vérités proclamées par son géniteur et conteste sa « tyrannie » ; ceux du père enfin, un illuminé déséquilibré, inspiré par la Bible et qui se croit chargé d’une mission salvatrice. Sam Taylor, manifestement fasciné par le thème de la folie (L’amnésique, NB octobre 2008), le reprend dans ce deuxième roman, se laissant emporter par son imagination lyrique, quelque fois poétique, et un certain délire verbal qui agacent mais ne laissent pas indifférent.