Hanna erre seule dans les rues, serrant contre elle des fiches pédagogiques destinées à l’apprentissage des jeunes trisomiques. Elle cherche son père, mais refuse d’en dire plus à Marius, un jeune homme qui voudrait l’aider. Ils se lancent dans une quête qui leur fait croiser de bien étranges personnes : un antiquaire collectionneur de nombres pairs, un artiste dont on ne peut voir les oeuvres qu’avec un microscope, un photographe dangereux, un couple juif qui tient un hôtel dont les chambres portent les noms de camps de concentration… Romancier portugais de renommée internationale, Gonçalo M. Tavares (Matteo a perdu son emploi, NB novembre 2016) ne fournit aucune clef pour interpréter les symboles d’un récit onirique et déstabilisant sans repères géographiques ou temporels explicites : Berlin peut-être, comme but du voyage, des troubles de rue sans cause définie, la cavale de Marius pour une raison inconnue, le choix d’une héroïne trisomique. Plusieurs étapes de leur périple initiatique illustrent la nécessité de ne jamais oublier la folie qui a marqué le XXe siècle, la Shoah en particulier. Sous l’aspect d’un conte philosophique, l’odyssée d’Hanna et Marius parle de mémoire et de transmission. On est impressionné et sous le charme d’une belle écriture. (T.R. et M.-C.A.)
Une jeune fille perdue dans le siècle à la recherche de son père
TAVARES Gonçalo M.