Frank, intelligent, grand lecteur, s’évade précocement de la médiocrité de l’environnement familial. Il admire son grand-père, bourgeois juif du 16e arrondissement de Paris, et Zimmermann, ancien trotskiste devenu un intellectuel influent. Son admiration décroît lorsqu’il devient le nègre de cet écrivain, plagiaire de surcroît, mais il s’éprend de sa femme, la belle Paula. À la fois envoûté et dégoûté par les hautes sphères sociales fréquentées par le couple, il s’en éloigne un temps mais lorsque l’actualité s’en mêle, il renoue et analyse la fascination suscitée par le couple Sinclair/Strauss-Kahn et l’évolution destructrice des idéologues de salon. La description du gotha intello-judéo-bobo parisien est satirique à souhait, adoucie par la longue liaison entre le narrateur et l’épouse infidèle, quoique l’indécision et la lâcheté du premier soient assez agaçantes. L’évocation de relations familiales compliquées, de postures et d’idéologies dépassées rappellent Quand j’étais normal (NB novembre 2010). Sur certains plane encore l’ombre fatale de la Shoah. Mais, en fin de parcours, l’enfumage théorique et les considérations sur l’influence du pouvoir tournent en rond en une logorrhée attristante. C’est dommage car cette plongée, mêlant réalité et fiction, dans les milieux de la grande bourgeoisie juive était prometteuse.
Une matière inflammable
WEITZMANN Marc