En 1920, Ben, jeune officier de marine américain, est momentanément immobilisé à Nagasaki. Pendant cette courte période, un entremetteur lui vend une maison et une jeune « épouse », Cho-Cho. L’officier repart et Cho-Cho espère son retour. Elle met au monde leur fils Joey que Ben et Nancy, sa fiancée américaine, viendront chercher pour l’élever aux États-Unis, après un mystérieux accord entre les deux femmes. L’enfant grandit dans une Amérique traversée par de multiples bouleversements : la Dépression, le sort des Nippo-Américains après Pearl Harbor, l’engagement des GI en Europe puis l’explosion atomique.
Si l’ombre de Madame Butterfly, l’opéra de Puccini, plane sur le roman, l’auteur, avec habileté, en élargit le cadre. Elle imagine une suite à l’intrigue originale, « libère ses personnages de leurs chaînes » et les inscrit dans un récit qui prend une remarquable dimension historique – il est très documenté – sociologique et psychologique. Lee Langley s’aventure hardiment dans les arcanes troubles de la diplomatie, porte un regard pertinent sur la culture japonaise et, à travers son héros, pose la question de la double identité. Malgré un style un peu plat, la lecture est facile, instructive et plaisante.