En 1851, Marian Evans oublie vite sa brĂšve liaison avec John Chapman, directeur de la prestigieuse Westminster Review qui la publie : elle vient de rencontrer le philosophe George Lewes, libre-penseur positiviste, sĂ©parĂ© dâune Ă©pouse infidĂšle dont il ne peut divorcer. La bonne sociĂ©tĂ© victorienne leur tourne le dos quand ils choisissent de vivre ensemble. Les romans de la jeune femme, attribuĂ©s Ă un certain George Eliot, connaissent un succĂšs fulgurant; Marian hĂ©site Ă en dĂ©voiler la « paternitĂ© ».
La journaliste littĂ©raire Kathy OâShaughnessy Ă©voque, dans ce premier roman, la crĂ©ation littĂ©raire de George Eliot jusquâĂ sa mort, tout en dĂ©voilant en chapitres alternĂ©s la genĂšse de sa biographie. Lors dâun colloque contemporain – dans un contrepoint un peu superflu – trois universitaires soulignent la modernitĂ© de cette romanciĂšre fĂ©ministe sans ĂȘtre militante, bienveillante et charismatique, analyste subtile de la sociĂ©tĂ© victorienne. Lewes et Eliot impressionnent par leur libertĂ© dâesprit, leur entente et leur exemplaire gĂ©nĂ©rositĂ©. Malheureusement la romanciĂšre escamote la mort de lâhĂ©roĂŻne, dĂ©vastĂ©e par la disparition de son compagnon et par son mariage dĂ©cevant avec le financier John Cross. Une biographie romancĂ©e remarquable qui Ă©claire les fragilitĂ©s et les tourments dâun gĂ©nie de la littĂ©rature anglaise. (A.K. et A.Le.)