PĂšre mort en 1940, choyĂ© par quatre femmes juives engagĂ©es dans la rĂ©sistance communiste, AndrĂ© Glucksmann mĂšne, de trois Ă sept ans, une existence traquĂ©e en France occupĂ©e. Il doit sa survie Ă lâaudace de sa mĂšre profĂ©rant ouvertement ce quâelle estime vrai. Quand elle regagne sa patrie viennoise, lui a dix ans et choisit la France ; Ă treize ans il adhĂšre au parti et le quitte cinq ans plus tard. Au sortir de la guerre, il sâapproprie lâHistoire et approfondit sa quĂȘte intellectuelle. Pourfendeur du nihilisme-marxisme (Les MaĂźtres penseurs, 1978), dĂ©truisant pour dĂ©truire, il transforme sa rage de mĂŽme en colĂšre de toute une vie. Il stigmatise le âcrime dâindiffĂ©renceâ, le mutisme des dĂ©mocraties europĂ©ennes autorisant les pires infamies : Poutine massacrant les TchĂ©tchĂšnes en toute impunitĂ©, gĂ©nocide des Tutsis, Ă©puration ethnique de Milosevic⊠Sa verve caustique, ses vĂ©hĂ©mentes indignations, ses vues personnelles Ă contre-courant des idĂ©es reçues, font la richesse et lâattrait de cet ouvrage incitant, au prix dâun effort de rĂ©flexion, Ă regarder dâun oeil neuf Ă©vĂ©nements, Ă©crivains, philosophes.
Une rage d’enfant.
GLUCKSMANN André