Fin des années soixante-dix, en Irlande. Alan Mulvannay se suicide. Trente ans plus tôt, Elieen l’a aimé en vain. Sa vie errante, sa folie inspirent également le fils de celle-ci, né de père anglais, et plusieurs générations aux prises avec un combat similaire entre catholiques et protestants, en Irlande et au Royaume-Uni. Ce roman est un conte sur la lutte de l’Irlande pour son indépendance au XVIIe siècle. Avec une puissance évocatrice peu commune, l’auteur retravaille la pâte incandescente qui traverse son oeuvre : l’Irlande, la sauvagerie de ses paysages, sa jeunesse, ses fractures profondes jamais refermées (Les feuilles d’ombre, NB janvier-février 2017). Cette fois, la même passion le pousse aux limites de l’écriture. Par touches colorées ou brumeuses, il restitue comme dans un collage la tristesse enivrante d’un passé-présent fiévreux. Mais tableaux ou poèmes en prose ne racontent pas, ils suggèrent la réalité différemment, au risque parfois de la brouiller. Le roman publié en 1984 illustre bien ce paradoxe. La mobilité des contextes, ces cadences irrésolues, ces visions christiques évanescentes et le fil incertain du récit menacent un enthousiasme auquel invitent pourtant images et métaphores stylistiques fulgurantes. La frustration s’installe parfois d’admirer sans comprendre. (A.Lec. et A.C.)
Une rue étrange
HOGAN Desmond