Une saison de solitude

LIVANELI Sülfü

Son précédent roman, Délivrance (Livre du Mois, NB avril 2006), se passait en Turquie. Ici, Zülfü Livaneli fait vivre à Stockholm des Turcs émigrés politiques. Le procédé narratif est original : alternance de chapitres de « l’écrivain », qui retranscrit sur un mode romanesque ce que lui dit le narrateur, et de chapitres « manuscrits » de ce même narrateur, plus factuels, et parfois divergents. Il a vu tuer sa fiancée, a été torturé, et réfugié à Stockholm, il a été admis dans la section psychiatrique d’un hôpital. Il y voit arriver son bourreau, vieillard malade venu se faire soigner. Il prévient les Turcs qu’il fréquente dans la capitale, un complot d’assassinat est élaboré. Cependant, le narrateur noue avec le vieillard des relations ambiguës, partagé entre le réconfort de la langue turque et le dégoût que sa victime lui inspire.  L’atmosphère du petit groupe d’exilés, noyau irréductible dans cette démocratie bien pensante, est rendue avec une authenticité prenante, comme les souvenirs récurrents des horreurs policières et la nostalgie du pays. Le récit, toutefois, manque parfois de cohérence et le propos de la double narration demeure incertain.