Prolifique essayiste, Alain Minc avait dĂ©jĂ consacrĂ© un chapitre au remarquable Ă©conomiste britannique John Maynard Keynes dans les ProphĂštes du bonheur (NB juin 2004). Remarquable, il lâĂ©tait par ses vies multiples : Ă©conomiste auteur en 1936 du fameux livre ThĂ©orie gĂ©nĂ©rale de lâemploi, lâintĂ©rĂȘt et la monnaie, intellectuel Ă©litiste et anticonformiste formĂ© Ă Eton et Cambridge, homosexuel se convertissant au mariage (hĂ©tĂ©rosexuel !), bourgeois spĂ©culateur boursier et administrateur du thĂ©Ăątre crĂ©Ă© pour sa femme Lydia, pacifiste mobilisant son intelligence pour son pays en 1914, diplomate nĂ©gociant les conditions de prĂȘt amĂ©ricaines pendant la seconde guerre mondiale, participant aux accords de Bretton Woods qui crĂ©Ăšrent le FMI et la Banque mondiale. Le plus Ă©tonnant est que, sâil fĂ»t internationalement connu de son vivant, ses idĂ©es firent rĂ©ellement florĂšs seulement aprĂšs sa mort, en 1946, en raison de la nĂ©cessitĂ© pour la gauche sociale dĂ©mocrate europĂ©enne de « sâinventer un contre-Marx ». Classiquement chronologique, rĂ©digĂ©e dâune plume Ă©lĂ©gante, cette excellente biographie peut toutefois rebuter les nĂ©ophytes en ce domaine.
Une sorte de diable : les vies de John Maynard Keynes
MINC Alain