Une tâche sans fin

PINGAUD Bernard

Bernard Pingaud, quatre-vingt-cinq ans, écrivain classique et subtil (Mon roman et moi, N.B. janvier 2004), est un homme sympathique. Normalien modeste, militant de toutes les bonnes causes, « écriveur » infatigable de fiches, notes, critiques, préfaces, articles, comptes-rendus et bien sûr de livres dont il retrace ici les genèses, il raconte longuement son périple, davantage pour lui-même, semble-t-il, que pour le lecteur. Socialiste, il suit Mendès-France, soutient Rocard, puis Mitterrand à contre-coeur, est nommé conseiller culturel au Caire. En parallèle, il écrit dans journaux et revues, Les Temps Modernes notamment. Il participe à tout ce qui peut favoriser le développement de la culture et soutenir les écrivains. Il se fait beaucoup d’amis, quelques ennemis au coeur de l’intelligentsia de gauche. Son tempérament de médiateur et sa perception aiguë de la complexité des enjeux, qui l’ont freiné dans sa double appartenance, littéraire et politique, est aussi un obstacle à ses mémoires. Il veut tout dire, tout argumenter, expliquant ses erreurs, s’interrogeant sur ses manques. Très discret sur sa vie personnelle, tourmentée, il semble avoir enfin accéder au « plaisir d’être », après un parcours exigeant et actif qui s’inscrit étroitement dans un demi-siècle de vie politique et intellectuelle.