Dans cette intégrale de 800 pages, Li Kunwu né en 1955, nous entraine dans l’Histoire de la Chine des 70 dernières années. Au gré des décisions politiques du « Grand Timonier » Mao, la société se transforme avec des conséquences dramatiques. Après l’échec du « Grand bond en avant » amenant la famine, l’extrême pauvreté et la mort de plusieurs millions de chinois, suit la montée des gardes rouges constitués d’étudiants et de lycéens, fanatisés et instaurant la terreur au prétexte de la chasse aux réactionnaires.
Le volet « culturel » de cette révolution tient en particulier à éradiquer les valeurs traditionnelles. C’est ainsi que des milliers de sculptures et de temples sont détruits. L’Armée populaire de libération mis fin aux excès des gardes rouges qui furent massivement exilés dans les campagnes. Jusqu’en 1976, année de sa mort, Mao va diviser pour mieux reigner, entrainant instabilité et confusion aux plus hauts niveaux de l’état et dans le pays. A partir de 1978 l’économie se développe en passant d’abord en « économie socialiste de marché » puis dans les années 90 en « économie de marché socialiste » puis se dirige vers l’état actuel.
C’est donc à travers ces soubresauts, évènements et évolutions que Li Kunwu tisse son récit, alimenté de « l’intérieur » par sa propre trajectoire, celle de ses proches, de la population qui l’entoure et des ordres/contre ordres, incertitudes, enthousiasmes, désillusions, espoirs/désespoirs générés par le parti. C’est à partir des années 90 que la nouvelle révolution, économique celle-là, libère les chinois des contraintes purement idéologiques et les propulse dans une économie de marché de type libérale pour le mieux ou pour le pire
Remarquable ouvrage que cette « Vie chinoise » qui retrace les 70 dernières années de l’Empire du milieu. Ce récit associe l’intime au public, le singulier au général, et nous plonge profondément dans l’ambiance et la vie de tous ceux qui ont vécu/subi cette période particulièrement chaotique. Plus qu’une BD c’est un vrai livre d’Histoire que nous délivre Li Kunwu. A lire absolument.
(PD)