À Saint-Jean-des-Oies, un village du bocage vendéen, Gérard se raconte à Aman, un réfugié érythréen que sa femme Annie et lui-même hébergent temporairement. C’est l’heure de l’apéritif et on attend Marianne, la députée locale qui veut rencontrer « de vrais gens. » Il parle pour faire passer le temps et retrace son enfance, son parcours d’ouvrier rural, ses parents et leur hôtel bar restaurant ; il évoque aussi Dédé, le frère aîné qui a eu son bac, Asil, le Turc de l’abattoir, Alain, le professionnel du camping … et surtout sa femme rencontrée à l’île d’Yeu.
François Beaune est un vrai conteur (La lune dans le puits, NB décembre 2013). Il nous invite à pénétrer dans son univers où défile l’humanité avec ses travers et ses petitesses. Sous la forme d’un menu ouvrier pantagruélique, le roman décline pêle-mêle, en de courts chapitres, souvenirs d’enfance, jobs divers, anecdotes de la semaine passée, avec une galerie très fournie de portraits de son entourage. Dans une langue colorée, volontiers truculente, l’auteur, drôle et parfois émouvant, fait la chronique d’une France en voie de disparition. Mais, malgré cette gouaille et ce franc-parler sympathiques, l’énumération finit par lasser. (C.R.-G. et A.Le.)