Après Vivant-Denon, Casanova et Mozart (NB décembre 2001), voici la biographie de Nietzsche, façon Sollers : l’exploration percutante et documentée d’une vie illustre et sa résonance actuelle à travers la vie du narrateur lui-même.
Le “roman” alterne les séquences consacrées à M.N. (Monsieur Nietzsche) et les réflexions du narrateur-écrivain, ses séjours en palace, ses dîners trois étoiles, ses “séances (amoureuses) épatantes”. Pas de doutes sur l’identité de “l’aristocrate absolu”, s’éclatant au-dessus de la médiocrité et de la morosité ambiantes ; c’est bien sûr Philippe Sollers, s’intronisant pour son goût du bonheur seul exégète autorisé du glorieux ancêtre. Reste M.N., avec son génie fulgurant crucifié par la folie et les soins aliénants de sa mère et de sa soeur, détourné plus tard par les Nazis.
Les citations judicieuses introduisent à une oeuvre illuminée, scandent un parcours dionysiaque qui crut débuter une ère nouvelle. Vous avez déjà eu votre compte d’autoportrait complaisant (“humain, trop humain”…) ? D’accord. Mais une promenade aussi stimulante avec Nietzsche se mérite.