Douce amère peinture d’une boucherie villageoise des années cinquante. Dans ce commerce bon enfant, chaque pied de cochon est à sa place à la parade, comme les teintures capillaires de la bouchère caissière qui écrit en secret, le tout sous la faconde goguenarde du maître boucher. Apparemment il ne se passe rien ; mais ce traintrain est transcendé par une débauche de mots qui transforme l’étal en théâtre choisi, les émois de la bouchère en conspiration d’opéra, les reculades du chien en stratagème et la concurrence acharnée sur le marché en bataille rangée à coup de boulettes de viandes et autres préparations carnées…
C’est le premier roman d’un auteur de film, dans lequel transparaît son goût de l’image haute en couleur et son souci du détail. Une farce triste, moqueuse tendre et dérisoire, emprunte de lyrisme. L’écriture recherchée et fleurie donne ses lettres de noblesse à la boucherie Croquard.M-J. P. M-D. A.