Quelques incidents à Arhus, au nord du Danemark, suscitent la peur du terrorisme, quand Benedicte Svendsen, journaliste quadragénaire, reçoit un cdrom anonyme montrant la décapitation barbare d’un homme par un personnage entièrement couvert d’un drap noir. À l’instigation de son rédacteur en chef, elle publie un article mais avertit la police, désormais sur les dents. Le fait que le film lui soit personnellement adressé, qu’elle ait autrefois vécu avec un homme dans une étrange communauté, et que sa fille aime un musulman malgré l’hostilité du milieu immigré, l’incite à mener sa propre enquête.
Ce premier polar traduit en français d’une série très prisée en Scandinavie s’articule autour d’une héroïne émouvante, attentive à ses proches, hantée par un passé douloureux, écartelée entre son métier de journaliste à la recherche d’un scoop et son éthique personnelle. L’analyse de la responsabilité de la presse dans le maniement des informations, de ses relations avec la police est intéressante. Le livre démontre intelligemment comment une information dont on ne détient pas toutes les clés peut exacerber la montée du racisme, semer le désarroi parmi des immigrés qui aspirent à l’assimilation, pousser chacun à une violence vengeresse. Un thème très d’actualité pour un policier bien mené.