Un parrain est assassiné, sauvagement brûlé. Pour les flics, c’est un règlement de comptes entre chefs du milieu lyonnais, car, malgré l’enquête en cours, les meurtres, identiques, continuent. La commissaire Antonia Arsanc, étrange chef de la BRI, accrédite cette version, mais elle sait que cette vague sanglante remonte à une vieille affaire. Elle manipule les voyous et l’opinion comme ses hommes et sa hiérarchie : elle laisse« faire le ménage » cependant que la vengeance s’accomplit. Et tant pis pour les dommages collatéraux !
Prix Cognac 2008 pour Comptine en plomb (NB novembre 2008), Philippe Bouin sort un nouveau polar noir et grinçant à l’intrigue bien menée. Il insiste sur les personnages, les dissèque avec minutie, leur prête des opinions troubles – sur la peine de mort par exemple – et des actions douteuses. Manifestant un certain goût pour le politiquement incorrect et un goût certain pour les mots, il dresse d’une plume acérée, provocatrice, un constat sombre qui crée un réel malaise : le monde ne serait-il peuplé, comme l’intitulé de chaque chapitre, que d’insectes nuisibles ?